Delaunay, vitrier du Roi et Mesdames

Château de Meudon, 1723, par Pierre-Denis Martin, Musée de Versailles

Fou d’amour pour Madame de Pompadour, sa maîtresse-en-titre, sa Majesté le roi Louis XV acquiert un terrain entre le château de Meudon et celui de Saint-Cloud au magnifique panorama surplombant la Seine sur lequel il lance en 1749 la construction du château de Bellevue. Pas moins de 800 ouvriers travaillent sur ce gigantesque chantier à 2,5 millions de livres qui se termine deux années plus tard…
Pendant ce temps notre protagoniste, futur entrepreneur des bâtiments du Roi, naît à quelques kilomètres de là …
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Premier enfant né et abandonné

Robert Delaunay, bourgeois de Paris âgé de 30 ans, et Marie Anne Santier, petite fille d’une famille Suisse âgée de 18 ans, célèbrent leur union le 26 février 1748 en l’église de Saint-Sulpice située dans le 6ème arrondissement de Paris. Marie Anne tombe très vite enceinte et donne naissance à son premier enfant le 01 août 1749. Il s’agit de notre protagoniste, Jean Alexandre Delaunay, aussitôt baptisé à l’église de Saint-Sulpice où il reçoit pour parrain Jacques Lepousay et Marie Marguerite Lefèvre pour marraine. Mais le couple semble avoir d’autres projets puisqu’ils quittent la capitale pour s’installer à Saint-Pierre de la Martinique, au Mouillage de la paroisse Notre-Dame-du-Port, en laissant leur fils à la capitale… Il se peut que le petit fut confié à son oncle Louis Delaunay, vitrier du Roi à Meudon. Robert et Marie Anne ont d’autres enfants et resteront sur l’île jusqu’en 1768 environ avant de partir vivre rue des Fossés de Bourgogne (aujourd’hui cours de Victor Hugo) à Bordeaux, sans reprendre Jean Alexandre auprès d’eux…
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Peintre vitrier et entrepreneur des bâtiments de Sa Majesté le roi Louis XV 

Château de Bellevue par Jacques Rigaud – conservé à Versailles

Sous la coupe de son oncle, Jean Alexandre Delaunay se forme au métier de vitrier et intègre le poste  d’entrepreneur des bâtiments de Sa Majesté le Roi Louis XV à Meudon où se trouvait le château Royal et le château de Bellevue.

Le Roi Louis XV aimait passer du bon temps au château de Bellevue plutôt qu’au domaine royal qui ne servit plus que pour la chasse et pour loger les courtisans. Mais Madame Pompadour se laissa vite de son domaine et fit le choix de le revendre au Roi en 1757. Rappelons tout de même que c’était un cadeau bien coûteux qu’il lui avait fait… et qu’il le lui rachète sept ans plus tard ! 
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Le 10 mai 1774 meurt le Roi Louis XV dit « Le Bien Aimé » meurt 

Au décès de ce dernier, Louis XVI attribue le château à ses tantes Mesdames Adélaïde, Sophie et Victoire qui transforment l’intérieur et les jardins. 


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Des travaux sont entrepris  en déplaçant notamment la salle de spectacle à la chinoise dans Paris, à l’Hôtel des menus plaisirs. Ensuite, il fit rajouter deux ailes en 1767.

Suite au décès le 12 août 1776 de Louis Delaunay, vitrier du Roi en son château de Meudon et Bellevue, se réunie la famille dont l’héritage est divisé entre les hommes a savoir : son frère Robert Delaunay de son propre chef, son frère Charles Delaunay en représentation de ses fils Charles et Louis, son frère Jean en représentation de son fils Jean, son neveu Alexandre Dumort par représentation de sa soeur Catherine Delaunay, (5) Marie Magdeleine Cailluy épouse Prunier par représentation de Marie Delaunay, (6) Pierre et François et Marie Magdeleine Houbé par représentation de Marie Magdeleine Delaunay reçoivent chacun 1/6eme 

L’inventaire des biens lui appartenant se déroule le 11 septembre. Les héritiers son frère Robert, marchand, Charles, vitirer à Bostion++, Louis bucheron à Montroty, Jean charetier à Montroty, Alexandre Dumort neveu domestique du Marquis de Charleval demeurant à Rozay près Lions la Forest, Charles Pruniers journalier demeurant au hameau de Bos à Bézancourt,  et par procuration spéciale Marie Magdeleine Cailluy(?) Prunier Pierre Houbé et François Houbé garçon sabotiers demeurant à la paroisse de la Fouillé par Marie Magdeleine Houbé représenté par Marie Madeleine Delaunay leur mère décédée femme de Pierre Houbé bucheron à la Fouilly.

 

Jean Alexandre demeure en la maison de Louis Delaunay mais il est actuellement à Paris. 

Sont présents Robert Delaunay, marchand demeurant à Bordeaux, Charles Delaunay, vitrier demeurant à Boshion (aujourd’hui Conches-en-Ouche), Louis Delaunay bucheron à Montroty, Alexandre Dumort, domestique du Marquis de Charlerat demeurant Lyons-la-Forêt, Charles Prunier, journalier au hameau Laudubeau  +++ , paroisse de Bézancourt. Jean Delaunay charetier à Montroty.

Robert Delaunay présent en son chef héritier pour un sixième de son frère Louis Delaunay

Charles et Louis Delaunay, frères germains, que Charles représente, pour un sixième de leur oncle paternel. 

Jean Delaunay par représentation de Jean Delaunay son père héritier pour un sixième,  de son oncle paternel.

Alexandre Dumort par représentation de sa mère Catherine Delaunay sa mère veuve de feu Alexandre Dumort, mouillé à Beauvoir en Lyons, héritier pour un sixième de Louis oncle maternel,

Prunier par représentation de Marie Delaunay sa mère veuve de feu Charles Caillury, demeurant à Beauvoir en Lyons, héritiere pour un sixième de Louis 

Marie Magdeleine  fille majeur de Pierre Houbé et de Marie Magdeleine Delaunay ses parents demeurant à la Fouilli ? 

Marie madeleine Cailluy femme de Charles Prunier journalier, fille de Charles Cailluy, marchands de veaux à Beauvois et de défunte Marie Magdeleine Delaunay, son oncle Louis.

Robert signataire légal. ONt tous proposé à Jean Alexandre Delaunay actuellement vitrier du roi au château de Meudon Bellevue et Lamuette, demeurant à Meudo, paroisse St Martin, ce jour à Paris, 

Il fera à sa charge le recouvrement des sommes dues à la profession dudit Louis Delaunay par le Roi et payable à la caisse du batiment ruu roi et a cet effet faire régler les mémoires d’ouvrages et de fournitures de marchandises faites par ledit feu Louis a sa charge de faire passer a chacun des susnommé suivant leur droits et portions que se trouveront revenir dans les dits recouvrement et pour constater les portions à la charge de rendre compte annuellement ou mensuellement a meudon les recettes que le sieur Jean Alexandre Delaunay fera auquel sieur Nouette  … et d’acquitter et garantir et indémniser lesdit frais et charges dettes de la succession de Louis comme les frais funéraires 

…. et de partage et extrait en partage concerne la propriété de ce qui sera abandonné à chacun 

de payer à JA la somme de 6000 livres en dette de la succession devant … JA fait son propre fait et dette comme fut obligé promettant en conséquence d’en acquitter et garantir et les dites sommes  :

  • pour la somme de 3000 livres tous les objects compris dans l’inventaire à l’exception de l’argenterie, vaisselle, platte et d e l’or et de l’argent monneyé compris audit inventaire.
  • Toutes les créances actives par les particuliers à hauteur de 1000 livres – JA touche et reçoit 1000 livres 

Grand mariage et gros patrimoine

2524 – Archives Nationales PARIS

Suite au décès du Sieur Louis Delaunay, vitrier du Roi en son château de Meudon, ses héritiers vendent à Jean Alexandre Delaunay le 13 septembre 1776 par devant Maître Henri-Laurent Fouillette, une maison située rue des Francs-Bourgeois à Meudon (aujourd’hui rue de la République) d’une valeur de 4.000 livres. On y apprend que notre protagoniste a reçu 2.000 livres que Sa Majesté le Roi Louis XV ou Louis XVI devait à Sieur Louis Delaunay et qui lui ont été remis. Même somme que d’ailleurs Sa Majesté doit à Jean Alexandre suite à des ouvrages effectués pour son compte. A cette dette doit être ajouté 5.000 livres pour des ouvrages qu’il a effectué à Mesdames de France au château de Bellevue, 2.000 livres pour des ouvrages effectués à divers particuliers, 11.125 livres prêtées à Sieur Palay, garde magasin du bâtiment du Roi.

A présent propriétaire, Jean Alexandre se prépare l’année suivante à se marier ! En effet, un grand rendez-vous pour la signature du contrat de mariage est organisé par devant Maître Louis Henry Durand, notaire à Paris, le 27 avril 1777 avec sa future épouse Anne Françoise Maigret, ses beaux-parents, ses témoins Jean François Nicolas de Verneuil, inspecteur des chasses du roi à Meudon et son épouse Marie Victorine Lessieur, Sieur Louis Nicolas Verneuil et son épouse Marie Jeannne Toulain, Maroy veuve de Laurent Toulain, fabriquant de chocolat à Paris, Dame Catherine Henriette Victorine Toulain et Gabriel Pies? Landon bourgeois de paris, Dame Elisabeth Marchand, Dame Marie Blanche Lontaire? épouse de François Sanson marchand de chevaux, sieur Arnaud Airvine? marchand de chevaux, sieur Georges Sanson marchand epicier et mademoiselle Maie Anne Charlotte delacroix son épouse, ainsi qu’une trentaine de témoins du côté de l’épouse ! 

On apprend grâce à ce contrat que Jean Alexandre dispose d’un patrimoine de 32.900 livres grâce au sommes décryptées ci-dessus complétées d’un office de Garde de l’Hôtel de ville de Paris valant 2.000 livres et 14.280 livres en argent comptant et en marchandises, outils, ustensiles pour sa profession, meubles meublants, habits, linges, et harder.. Il déclare ne devoir que la somme de cents livres sans plus de détails. 

En faveur et considération du mariage, les parents de sa future épouse donne et constitue pour la veille du jour de la célébration du mariage un avancement d’hoirie de leurs futures successions également et par moitié la somme de 7.000 livres dont 6.000 en deniers comptants et 1.000 livres en un trousseau. S’ajoute à cette négociation jusqu’à 2.000 livres à échoir dans la communauté en meuble ou immeuble par succession, donation, legs… et une dote de 300 livres de rente viagère pour la future mariée.

Une fois le contrat conclu et signé par les concernés et tous leurs témoins, le mariage est célébré le 03 juin 1777 en l’Eglise Saint-Eustache située dans le 1er arrondissement de Paris. On note qu’aucun membre de la famille de Jean Alexandre n’est présent à son mariage, d’ailleurs il ne sera présent à ceux de ses frères et sœurs, ce qui confirme la thèse de l’abandon durant son enfance…

Contrairement à son époux, Anne Françoise Maigret est accompagnée par tous les membres de sa famille et de ses amis… 

De cinq ans sa cadette, Anne Françoise Maigret est l’une des six enfants du couple formé par Claude Joseph Maigret et Anne Chauvin. Famille de fripiers Parisiens, ils demeurent dans le quartier de la Grande et Petite Friperie, aujourd’hui forum des Halles à Paris. Un commerce florissant où les petits prix attirent tant les étudiants et artistes que la haute bourgeoisie ! Parmi les membres de sa famille nous pouvons retenir Henry Dubillion, époux de sa tante Françoise Chauvin. Demeurant Rue Dauphine à Paris, cet oncle par alliance fut marchand fripier et tailleur privilégié du Roi Louis XV. Une publicité informe que « A Paris, à l’enseigne des deux associés, sous les pilliers de la tonnellerie, vis-à-vis la rue où il y a un puits, Dubillion, marchand à Paris et tailleur du roy suivant la cour, fait, vend et achète toutes sortes de marchandises. » (1748. De l’imprimerie du Mesnier, libraire-imprimeur, Rue Saint Séverin Au soleil d’or)
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Après le mariage, les enfants !

Anne Françoise Maigret donne naissance à leur premier enfant le lundi 13 avril 1778. Il s’agit d’un fils que le couple baptiste le jour même en lui donnant pour prénom Alexandre Claude. L’enfant reçoit pour parrain son grand-père Claude Joseph Maigret et pour marraine Marie Victoire Lesieur, épouse de Jean François Nicolas Verneuil, leur témoin de mariage, inspecteur des chasses du roi à Meudon. 

Un an et demi plus tard, Anne Françoise Maigret tombe de nouveau enceinte et donne naissance cette fois-ci à une fille, qu’ils choisissent d’appeler comme sa mère, Anne Françoise Delaunay. Elle est baptisée le lendemain, 23 février 1780 et reçoit pour parrain et marraine  Jean François Nicolas Verneuil et sa grand-mère, Anne Chauvin. 

S’en suit aussitôt une troisième grossesse. Le couple accueille une fille la veille de Noël 1781 qui est baptisée le lendemain sous le nom de Blanche Victoire. Elle reçoit pour parrain Jean Gaspard Maigret, grand oncle maternel et mercier rue de la Grande Friperie à Paris, et pour marraine Marie Blanche Larotière, épouse de François Sansson, marchand de chevaux rue Saint Martin à Paris. 

Anne Françoise Maigret a 27 ans et le couple ne semble pas vouloir d’autres enfants… le jeudi 25 août 1791, soit dix ans plus tard, elle donne naissance a un garçon, Georges Alexandre Delaunay baptisé deux jours plus tard. Georges Le Sage, jardinier de Mesdames, tantes du Roi au château de Bellevue à Meudon est choisi comme parrain et Marie Fauchot, épouse de Jean Gaspard Maigret, grande-tante, est choisie comme marraine.

Un recensement effectué par la commune de Meudon en 1817 nous apprend que Jean Alexandre est propriétaire au 66 rue des Princes, actuelle rue République

23 mars 1813, Georges Alexandre se marie. Il est vitrier peintre et sapeur pompier de la ville de paris deuxième camps apr? Sa femme Marie rosalie martine fille de pierre maître plombier et fontainier du palais de saint cloud et anne faillard. Présence de Nicolas Louis Maigret bourgeois demeurant oncle rue de la verriere 52 ans, delaunay âgé de 30 ans demeurant à paris 1 rue du faubourg du temple, alex claude.

Jean Alexandre décédera le 11 octobre 1820 en l’institution Sainte-Perrine qui aide notamment d’anciens fonctionnaires et veuves d’employés, en échange d’une pension ou d’un contrat en viager défini selon l’âge. Ses enfants renonceront à sa succession. 

Cours sa femme décède le jour de son anniv et aurait des terres à Grenelle. vit à meudon

Et aussi l’acte de décès de Marie-Anne avec la rectification du patronyme (sur l’acte, il est indiqué qu’elle est décédée « sur les fossés ». A cette époque, comme tu le sais, le cours Victor-Hugo s’appelait rue des fossés de Bourgogne, et c’est là que la famille résidait).

Il décède le 11 octobre 1820 à Paris 08. Il décède au 99 rue Sainte Perine où il demeurait.

71 ans

15 10 1820 les descendants renoncent à la succession, dettes ?