Almanach des prénoms

Calendrier d’un almanach en date de 1770

Hygin, Euverte, Nicephas, Longin, Eusebe, Rieul, Ulpion, Fulbert, Tiburce, Mamert, Liboire, Zenon, Caprais, Sostene, Odon, Mesmin, Gorgogne… Ces prénoms ne nous disent rien, et pourtant ils ont bien figuré sur l’almanach de nos aïeux ! Mais qui choisit les prénoms sur nos calendriers ?
D’ailleurs, quelle différence entre l’almanach et le calendrier ?
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L’almanach

Du latin almanachus, de l’arabe al-munāḵ, du syriaque I-manhaï, l’an prochain.
« Livre populaire publié chaque année et comportant, avec un calendrier, des renseignements scientifiques et pratiques« , Larousse 2022. 
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Diffusé par les marchands ambulants, le plus ancien almanach reconnu à ce jour est un poème nommé « Les Travaux et les Jours » du poète grec Hésiode en date du VIIIème siècle avant J-C. Il y révèle un calendrier des jours fastes ou néfastes, des informations sur la navigation, l’agronomie et la morale. 

Il faut attendre l’invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg au XVème siècle pour une production de l’almanach aussi populaire que la Bible dont il est étroitement lié. L’almanach reporte dans ses éditions le calendrier des saints à célébrer, les phases de la lune, la durée des jours, divers conseils pratiques selon les saisons tels que des conseils agricoles, des remèdes de grands-mères … Et pas besoin de savoir lire pour l’avoir chez soi puisqu’il est aussi imprimé avec des pictogrammes ! Tel un journal d’instruction, les éditeurs s’amuseront rapidement à diversifier les enseignements en y intégrant des faits-divers aux anecdotes de la grande Histoire, des conseils pratiques des nouvelles inventions, et même des prédictions météorologiques et astrologiques ! Ce succès aux publications plus au moins libres, et dont les prédictions peuvent aller à l’encontre du pouvoir en place, pousse le roi Charles IX a effectuer un contrôle du contenu de l’Almanach avant chaque édition :

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« Et parce que ceux qui se meslent de pronostiquer les choses à advenir publient leurs almanachs et pronostications passant les termes d’astrologie contre l’exprès commandement de Dieu, chose qui ne doit estre tollerée par princes chrestiens, nous deffendons à tous imprimeurs et libraires, à peine de prison et d’amande arbitraire, d’imprimer ou exposer en vente aulcun almanachs et prognostications que premierement n’ayent esté visitez par l’archevesque ou evesque ou ceulx qu’il commettra. Et contre celuy qui aura fait ou composé lesditz almanachs, sera procedé par nos juges extraordinairement et par punition corporelle. » Ordonnance d’Orléans, article 26 du 31 janvier 1561.

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Le message est clair.
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La Révolution française de 1789 bouleverse l’édition de l’almanach avec d’abord un tout nouveau calendrier : Le calendrier Républicain qui démarre le 1er vendémiaire an I de la République, soit le 22 septembre 1792, lendemain de l’abolition de la monarchie. Les inspirations agricoles et de la nature du poète Fabre d’Eglantine (1750-1794) sont choisis pour donner un nouveau nom aux mois, jours et prénoms révolutionnaires (Ce qui est amusant quand on sait qu’il sera guillotiné deux années plus tard).Ainsi le premier mois de l’année se nomme le vendémiaire, mois des vendanges. Puis est introduit en bons conseils les vertus du bon républicain, les ennemis de la liberté tels que les nobles et les prêtres corrompus… cet ouvrage que l’on retrouve dans chaque foyer devient un idéal de propagande…

Les déclarations de naissance s’effectuent auprès de l’officier d’état civil, et non plus auprès du curé, qui voit d’un mauvais oeil les traditionnels prénoms de saints. Et ainsi naissent les Rose, Romarin, Clémentine, Jasmin, Safran, Victoire… mais aussi de drôle de prénoms sont donnés tels que Egalité, Choux Fleur, Pensée, Floréal…

Le calendrier républicain est aboli le 22 fructidor an XIII (09 septembre 1805) par Napoléon Ier qui remet en place le calendrier grégorien.

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Et le calendrier justement…

Du latin calendarium, « livre de compte », qui lui-même dérive de calendae signifiant « qui sont appelés ».
« Tableau des jours d’une année, avec l’indication des semaines, des mois et des saisons, comportant en général quelques renseignements accessoires (saints, fêtes, anniversaires historiques, etc.) et des informations astronomiques (phases de la Lune, lever et coucher du Soleil, éclipses, etc.) » Larousse

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Dans son besoin de se situer dans le temps et l’espace, l’homme a su au fil de son Histoire inventer de nombreux instruments dont les mesures, qui différaient selon les civilisations et les époques, s’accordent aujourd’hui avec précision. Le calendrier dont on trouve la première trace au IIIème millénaire avant J-C dans les cités de Babylone, est de nos jours l’une des inventions les plus populaires. 

Le calendrier qui permettait dès l’origine de rappeler les jours de l’année, la lunaison, les cycles des saisons ou encore les phénomènes naturels se voit donc ajouter la célébration des saints martyrs par l’Eglise dès le IVème siècle. Les martyrs étaient célébrés le jour de leur mort et donner le prénom d’un saint à son enfant était l’assurance de sa protection.

Mais les seuls 365 jours de l’année ne suffisent plus a faire face à la prolifération du nombre de béatification et de canonisation de saints reconnus martyrs ou non. On parle tout de même de milliers de personnes ! A cela s’ajoute les schismes que connaîtront les chrétiens du monde et qui donneront naissance à différentes églises (catholique, orthodoxe, protestant) poussant par conséquent certains saints vénérés dans l’oubli ou remplacés par des patrons et homonymes en lien avec ces croyances célébrés un autre jour de l’année… ce qui explique que certains prénoms ne se célèbrent pas les mêmes jours partout dans le monde. Puis vient la séparation entre l’Eglise et l’Etat dans certains pays, la diversification des prénoms sous toutes ces formes d’écritures selon les régions du monde … Bref, un vrai casse-tête pour remplir de manière simplifiée les 365 cases de notre calendrier !

Sainte Charlotte de la Résurrection

La mise en place « d’un jour un saint » sur le calendrier promulgue finalement non pas le dernier saint canonisé ni le plus grand d’entre eux, mais plutôt celui qui aura la meilleure dimension universelle. J’ai pour ma part étudier le jour de ma fête à titre d’exemple. Le 17 juillet célébrait Saint Alexis de Rome (411) jusqu’à ce qu’il soit remplacé par Anne Marie Madeleine Françoise Thouret, Soeur Charlotte de la Résurrection, doyenne des Carmélites de Compiègne, guillotinée avec ses soeurs à Paris le 17 juillet 1794 et béatifiée par le Pape Pie X en 1906. Ce jour célèbre entre autre aussi Sainte Hedwige, princesse bosniaque (1399), Sainte Marcelline, vierge soeur de Saint Ambroise de Milan… et fête toutes les variation du prénom Charlotte apparues au fil du temps : Arlette, Carole, Caroline, Carla, Charlène, Charline, Charli, Lotte, Lotty…


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C’est le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS) de l’Eglise catholique de France qui officialise de nos jours la liste des prénoms. Ceci explique sans doute que l’on ne trouve pas les prénoms les plus données à nos enfants nés ces derniers années… Les éditeurs s’en remettent à eux et procèdent selon le type de calendrier au maintient ou non du mot « saint » avant chaque prénom.

Et vous, quel est le prénom le plus ancien, ou devrais-je dire, le plus original qu’à pu porter l’un de vos aïeux ? Connaissez-vous l’histoire du Saint qui le protège ? Et qu’en est-il du vôtre ?

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