Virepointoux, héros de la Résistance

« Bruns aux yeux marrons, 1m69, front bombé, nez rectiligne, teint coloré »

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Fils de Félix Virepointoux, meunier, et de Charlotte Lefort, tailleuse, mon arrière-grand-père Georges Jean Elie Virepointoux naît le 30 juin 1906 en la commune de Bordeaux. La famille demeure au 112 de la rue Benauge et aura un second fils, Roger, né le 15 juin 1910.

Georges intègre l’école Saint Bruno et obtient son CEP. Il passe son permis, puis un diplôme d’infirmier et devient employé d’octroi jusqu’à ce qu’il soit appelé à faire son service militaire en novembre 1926.

Il intègre la 18ème section d’infirmiers militaires et plus précisément la garnison en destination de Casablanca. Il fait aussi l’école des sous-officiers de réserve et est promu caporal, sergent puis sergent-chef en 1931.

Il reprend la vie active en tant que chef de rayons des Nouvelles Galeries de Bordeaux jusqu’en 1941 puis directeur commercial chez Morisson Monce à Talence.

Georges et son frère Roger sont très proches. Ils fument beaucoup et aiment tous deux la photographie, c’est d’ailleurs une aptitude qui sera indiqué dans le dossier militaire de Roger.

Leurs cœurs battront pour deux sœurs, mon arrière-grand-mère Charlotte et Germaine Bokman, jolies bordelaises descendantes d’un marin suédois…

Charlotte est mariée à un homme qu’elle n’aime pas vraiment… Beaucoup plus âgé qu’elle, il a surtout été là au bon moment et lui a permis de fuir les coups de son père alcoolique. D’ailleurs, sa mère et sa sœur la suivront… Ils ont un fils ensemble et Charlotte ne souhaite pas renouveler l’affaire… de toute façon, son mari est actuellement en prison pour avoir volé un vélo selon la légende familiale.

Charlotte tombe enceinte de Georges en 1930, et a force de caractère, fait reconnaître l’enfant par son mari toujours en prison… Le couple divorce à sa libération et Georges épouse enfin sa Charlotte. Le mariage a lieu le jour du 4ème anniversaire de leur fille. Cette dernière n’est autre que ma grand-mère, qui hélas ne portera jamais le nom de son père dont elle est si fière… Quant à Germaine, elle est tombée enceinte de Roger en 1932 et le couple s’est marié aussitôt.

Georges demeure avec sa famille au 51 rue du Hautoir et Roger au 28bis rue Gonthelier. Même s’ils étaient à présent mariés et pères de famille, Georges et Roger continuaient de faire les quatre cent coups ensemble. Pour l’anecdote, alors qu’ils étaient au boulot, Georges et ses camarades faisaient les malins sur leur capacité à manger des piments crus sans difficulté. Le patron, Monsieur Louveteau (a vérifier), pris le pari de cette affaire. Georges, Roger et leurs camarades se retrouvèrent donc le lendemain matin à 8h avec pour chacun une assiette de piments ! Roger abandonna contrairement à Georges qui réussi à terminer son assiette non sans difficultés puisqu’il transpirait de tout son être ! Pourtant Georges faisait de la dysenterie, ce n’était pas très malin…

  • La Seconde Guerre Mondiale éclate

Sous la requête du MI6, service de renseignements britannique, Pierre-Jean Herbinger, dit Brissac, et Fernand Gibelin, combattants de la Première Guerre Mondiale, fondent en 1940 un réseau franco-britannique nommé « Mithridate ». L’objectif est d’obtenir des renseignements qui permettront aux états-majors de précéder ou d’accompagner les opérations de guerre.

Des sous réseaux sont créés dont l’Alouette en Gironde auquel Georges et Roger adhèrent le 13 juillet 1941. L’Alouette est un service de renseignements, de fournitures et de matériels de sabotages. On parle concrètement de dépôt et trafic d’armes, de fabrication de faux papiers, d’embauche de réfractaires du S.T.O et prisonniers évadés…

Roger citera parmi leurs contacts l’agent Roche de l’IS, demeurant au 63 rue d’Arès à Bordeaux, Albert Pequet du réseau AV né le 03 octobre 1910 et demeurant rue Blaise Pascal à Talence, Jean Dumont du 6, rue de Moscou, Jean-André Bougenières né le 08 janvier 1907 et Abel du même nom né le 04 septembre 1920 réseau Navarre demeurant tous deux à Gujan-Mestras, Maurice Alexis Julien Monce, né le 18 mars 1907 appartenant au réseau de l’Alouette, le Colonel Ablard, et le Capitaine Courtin.

Albert Paquet, Maurice Monce et les frères Virepointoux s’occupaient des dépôts d’armes, du service de renseignements et sabotages. Jean Dumont était au service des renseignements avec Bougeniers Abel et Anohe.

Georges est connu par ses camarades sous le nom GEO et utilise le nom Jean Lenglet pour ses faux papiers. Quant à son frère Roger, il choisira le nom de Yvan Lenglet pour sa couverture. Il travaille d’abord en tant que agent de renseignements au réseau AV puis devient chef de dépôt d’armes avec le grade de sous lieutenant en mars 1944 du réseau Alouette et Mithridate. Formations de 3 sous au dépôt, instructeur d’armes, passage d’agent en Angleterre et imprimerie clandestine (plus de 800 fausses cartes)…

Mon arrière-grand-mère Charlotte pris aussi part à sa façon à la Résistance. Elle ne manquait pas de cacher des grenades dans ses chignons dans le cas où l’ennemi se pointerait. Pour l’anecdote, un soldat anglais tomba en parachute et fut caché par la famille. Charlotte utilisa le tissu du parachute afin de fabriquer des vêtements ou des draps dans le but de faire disparaître toute trace de lui.

En 1942, le réseau Mithridate intègre le bureau central de renseignements et d’action (BCRA), un service de renseignements et d’actions clandestines de la France Libre créé en juillet 1940 par le Général de Gaulle.

Mais Armand Lacare de Contras, dit Mercier, est un agent double et balance les noms et Monsieur Poinsot, gendarme, arrête Georges, son frère et leur copain Albert Piquet dit Bébert, 35 ans, agent direct du Capitaine Bernard dit Jeannot ou Marie France.

La fille unique de Georges, ma chère grand-mère, qui revenait d’une course, vit son père embarquer à l’arrière de la voiture… Ce sera la dernière fois qu’elle verra son papa.

M. Poinsot et son équipe torturent Georges afin d’obtenir les noms de ses chefs et camarades de la Résistance, en vain. Georges gardera le silence selon le Colonel Abblard. Il est alors incarné le 23 mars 1944 au Fort du Hà à Bordeaux puis à Compiègne et enfin, il est déporté avec son frère Roger le 21 mai 1945 à Brunwick, au camp de Wattenstedt, dépendant du Camp de Neungamme. Ce camp de travailleurs est situé près de Helmstedt. 2500 détenus travaillant pour les aciéries Stahlwerke Braunschweig à la fabrication de munitions.

Le travail était pénible et malgré les coups Georges est resté digne. L’absence de nourriture, l’épuisement et les mauvais traitements (une infection au pied selon les dires) ont emporté Georges le 16 mars 1945 à l’âge de 38 ans, 8 mois et 16 jours.

Le 27 août 1945, Maurice Latomberie, intendant miliaire adjoint, chef du service de l’Intendance de la Base Avancée de Bordeaux, certifie que le soldat de 2ème classe Georges Virepointoux, engagé volontaire pour la durée de la guerre à la 18ème section de C.O.M.A a été affecté le 21 novembre 1944 à l’Intendance de la base avancée et a participé aux opérations de détachements d’Armée de l’Atlantique pour la réduction des poches subsistant sur l’Atlantique.

Mithridate fut opérationnel jusqu’en 1945 et sera l’un des réseaux les plus important de la Seconde Guerre Mondiale. Il aura compté 1987 agents dont 127 morts pour la France et 208 déportés rentrés vivants. 

Georges recevra à titre posthume la médaille de l’Ordre de la Libération.

Armand Lacare de Contras, dit Mercier, aura fait arrêter 89 personnes et a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité.

(Ils intègrent le réseau SR AV, grade CM3 P2 de juillet 1941 au 11 novembre 1942. Puis iront en P1 sous le réseau Gallia dès sa création, et enfin au réseau Alouette, grade CM3 P1, à partir de décembre 1943 jusqu’à leurs arrestations… Membre ayant une activité continue sous couvert d’une occupation personnel dont ils continuent à retirer +++)

2 Comments

  • Moran

    Bonjour,
    Merci de ces informations, mais beaucoup d’erreurs cependant dans l’histoire familiale. Où avez-vous trouvez les faits historiques?
    Cordialement.
    C.M.

    • charlotte

      Bonjour Corinne,
      Les évènements m’ont été transmis par mamie Christiane Choubry. J’ai pu les compléter les faits grâce aux archives de la Défense. J’aimerais connaître les informations que vous possédez de ton côté de la famille !
      Je vais t’écrire.
      A très vite !
      Charlotte

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