Elisa et le neveu Monget

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______ELISA, VALENCIENNES, 1812
Esquisse Enfants Assistes, Edouard Gelhay, 1886

Le soir du 20 novembre 1812, vers 20h, le portier Amé Joseph Caudron de l’Hospice général de Valenciennes découvre à la porte de l’édifice un bébé né dans les dernières 24h. Ce n’est pas tous les jours qu’un enfant y est déposé et heureusement… C’est lors du passage du roi Louis XV que fut décrétée la construction d’un hôpital de la Charité à Valenciennes capable d’accueillir les malades, mendiants, vieillards, enfants abandonnés, femmes en couches et aliénés de toute la province. L’Hospice Général dit aussi hôpital du Hainaut, encore en travaux, ouvrira tout de même ses portes le 1er juillet 1767. 

Aujourd’hui c’est une petite fille qui est abandonnée. Elle est trouvée « emmaillotée dans un lainerons de futaine, une chemise en batiste, une couchette de coton bleu, deux linges et un bonnet de mousseline blanc […] un billet ainsi conçu « la mère de cet enfant désirerait qu’elle s’appelle Elisa » « qu’elle eut une nourrice qui en eût bien soin ». La petite est aussitôt inscrite sur les registres de la ville sous le nom de Louise Elisa Marvey et se voit attribué le numéro 1058 du registre des enfants abandonnés de l’Hospice.

PIERRE SEVERIN, VIEUX-CONDÉ, 1816___

Le 02 décembre 1816, Marie Joachime Joseph Falce, sage-femme de 25 ans à Vieux-Condé dans le Nord est appelée pour aider Augustine Désirée Aimée Joseph Peninque à accoucher. Journalière du même âge, elle n’est pas mariée et l’enfant dont elle donne vie à 3h du matin n’a pas de père nommé. La déclaration de naissance est faite deux jours plus tard par ladite sage femme accompagnée des témoins François Rousselet, garde champêtre et Bartelémy Trotin, mesureur aux mines de charbon. Le petit est appelé Pierre Severin Peninque, prénoms que porte son oncle Pierre Severin Jacob Peninque (1793-1847), batelier marinier.

L’année suivante, Augustine Désirée Aimée Joseph Peninque épouse un certain François Mathieu Monget, militaire volontaire et ouvrier aux mines de charbon, de 6 ans son cadet, et ils profitent tous deux de leur union pour reconnaître Pierre Severin. François Mathieu Monget est le frère de mon aïeul Pierre François Monget et de Michel Monget, qui prendra le petit Pierre Severin sous son aile. On retrouve parmi les témoins Ignace Rivière âgé de 56 ans, ouvrier aux mines de charbon de Vieux-Condé, et les frères Etienne Trotin, employé aux mines âgé de 55 ans, et Maximilien Trotin, maitre porion aux mines de Charbon âgé de 59 ans, Ignace Rivière âgé de 56 ans.

Le 03 octobre 1826, soit neuf ans plus tard, naît un second fils, nommé Carloman Mathieu Monget, comme son cousin, Carloman Pennique, batelier et compagnon de marine né le 29 novembre 1818 et décédé en ma ville natale le 25 décembre 1885. 

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__DE VALENCIENNE à VIEUX-CONDÉ

Elisa sort de l’hospice à l’âge de 12 ans où elle se voit placée en apprentissage chez Jean-Baptiste Hainaut, maçon et engagé militaire volontaire âgé de 40 ans, habitant à Vieux-Condé, une commune de 4000 habitants située à 15km de Valenciennes quand elle découvre sûrement. Elisa est de nouveau placée à l’Hospice avant d’être envoyée le 29 mai 1825 chez Louis Despard du Vieux-Condé puis le 21 mars 1831 chez Louise Joseph Beaumont, ménagère de 49 ans, épouse de Augustin Joseph Hainaut avec qui elle a un fils, ses autres enfants étant mort dès la petite enfance. Joseph Beaumont a déjà dû rencontrer la petite Elisa auparavant, ou du moins entendu parler d’elle, puisque Jean-Baptiste Hainaut est son beau-frère ! A présent âgée de 19, il est fort possible qu’elle ne retourne plus à l’hospice, d’autant plus qu’une partie des bâtiments a été attribuée à l’hôpital militaire cette année-là, amoindrissant les capacités d’admission..

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Pendant ce temps, à Vieux-Condé, Pierre Severin est lui aussi en âge de travailler. suit son père et ses oncles dans le travail des mines de charbon. Travaillaient-ils dans les Puis des Trois Arbres de Vieux-Condé pour la Compagnie des mines d’Anzin ? Créée le 19 novembre 1757, cette société industrielle privée était l’une des plus imposantes d’Europe. Elle connut un épisode catastrophique durant les guerres de Révolution puisque les villes qui s’étaient vidées de ses hommes partis au combat furent bombardés par les Autrichiens. L’exploitation, pourtant détruite, est nationalisée et l’activité reprend intensivement au XIXe siècle. Et c’est possiblement à cette occasion que Pierre Severin suit dans les mines les hommes de sa famille paternelle, anciens militaires volontaires à présent ouvriers mineurs. 

Pourtant ses pères de sa famille maternelle sont des mariniers maîtres bateliers de génération en génération, une profession en soit bien plus saine… 

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_________LA REUNION A DENAIN

L’union entre Pierre Severin Monget et Louise Elisa Marvey est célébrée en la ville de Denain le 19 mars 1841 à 18h ! Soyez à l’heure !

Ouvrier mineur âgé de 24 ans et demeurant à présent en la ville de Denain, Pierre Severin est accompagné en ce grand jour de son oncle Michel Monget et de son cousin François Monget. Quant à Elisa, elle est à présent une femme journalière et ménagère, âgée de 28 ans, demeurant de droit à Valenciennes et de fait à Denain. Mais ce n’est pas tout, Elisa est enceinte de 4 mois !!

Elle accouche le 06 août à 7h du matin en leur maison d’un garçon que le couple appelle Alexandre, puis cinq ans plus tard, ce qui est assez tardif, Elisa donne naissance le 12 avril 1846 à un second garçon qui est appelé comme son père Pierre Severin. La déclaration est faite dès le lendemain en présence de Michel Monget

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DRAMES A ROEULX______________

La famille déménage en la commune de Roeulx où leur petit dernier décède en leur demeure le 22 octobre 1847 à 18 mois. La déclaration est faite en présence de François Joseph Goguillon, instituteur dans le primaire. Trois ans après ce drame, et plus précisément le 04 mars 1850 aux alentours de 7h du matin, un cadavre est retiré du canal de l’Escaut, au niveau de la commune de Lourches… Il s’agit de Pierre Severin Monget.

Elisa se marie l’année suivante, le 18 mars 1851 à Roeulx, où elle demeure avec un certain Désiré Mascart, veuf de Eugénie Josph Bottiaux avec qui il a eu six enfants. De 18 ans son aîné, Désiré Mascart est un pensionné d’état, sous brigadier des douanes en retraite, médaillé de Sainte-Hélène. Leurs témoins sont Joseph Robette, cabaretier, Louis Houdart, maréchal ferrant, Narcisse Souppart, ouvrier mineur et Joseph Lamay ouvrier mineur de Lourches. 

Désiré devient garde champêtre et Elisa travaille comme marchande épicière. Le couple aura deux enfants ensemble, Pierre Antoine Mascart né le 27 janvier 1853 et Désiré Mascart né le 16 février 1854 qui ne vivront que quelques jours… L’instituteur François Joseph Goguillon sera le témoin de ses évènements. Puis, Désiré Mascart (père) décède chez lui le 05 mai 1862 à l’âge de 67 ans.

LE DRÔLE DE PARCOURS DE ELISA et DE SON FILS ALEXANDRE

Selon un recensement de 1872, Elisa et son fils unique Alexandre sont partis vivre rue de la Marlière à Liévin dans le Pas-de-Calais où ils sont tous deux cabaretiers ! Puis on les retrouve à Provin dans le Nord où le 19 janvier 1889, en présence de sa mère, Alexandre âgé de 48 ans, épouse Barbe Tomberg, une ménagère repasseuse Belge âgée de 39 ans, veuve de Amédée Joseph Lengrand et sans enfants semble t-il. Un contrat de mariage est signé au préalable par devant Maître Pierre Colette de Séclin (commande en cours). Elisa part vivre rue de Meurchin à Bauvin, commune voisine de Provin, où elle décède le 20 février 1890 à l’âge de 78 ans. Un recensement en date de 1906 indiquent qu’Alexandre et sa femme vivent dans une maison éparse autour de Provin où aucun enfant n’est mentionné dans le foyer… On apprend grâce au recensement suivant que Alexandre est « patron de débit de boissons ». Le couple décèdera entre 1926 et 1936, éteignant ainsi la lignée.

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