Choubry Frères, Champagne !

[en cours d’écriture]

Choubry Frères est d’abord une famille. Une famille Choubry issue du couple formé par Ferdinand François Choubry et Marie Madeleine Péhose, mon arrière-petit-cousin éloigné au 6ème degré, donc autant vous dire… un cousin bien éloigné !

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L’orphelin de Reims

Fils de Arnould-Claude Choubry, batteur de laine, et de Marie Augustine Verdure, lisseuse, Ferdinand François Choubry voit le jour le 22 avril 1832 à 9h du matin en la demeure de ses parents alors située au 193 rue du Barbâtre à Reims, dans la Marne. 

Petit dernier d’une fratrie composée de trois enfants, Ferdinand Choubry va cependant très rapidement devenir orphelin et cette tragédie n’a pas attendu sa naissance pour s’abattre sur sa famille… Savait-il que ses parents ont eu pour premiers enfants des jumelles, Augustine Florence et Liesse Nicole ? Le couple prend la route juste après l’accouchement des petites qui décèdent quelques jours plus tard à Coulommes-la-Montagne. De retour à Reims, sa mère met au monde Francine Jacqueline puis Isidore. Ferdinand naît 8 ans plus tard, son père a alors 41 ans, sa mère 37 ans, et la famille demeure au 149 rue Neuve à Reims. Mais à peine âgé de 4 ans, Ferdinand voit mourir son père et son frère Isidore à l’Hôtel Dieu en une année d’intervalle. Les membres restants déménagent au 50 rue du Moulin et fête deux ans plus tard le mariage de Francine avec Jean François Cyrille Beauchet. Âgée de 19 ans, elle s’entoure de son grand-père Eutrope Choubry, batteur de laine à la retraite, et de sa mère pour ce grand évènement. Mais ce mariage qui ne semble pas donner de descendance est suivi l’année suivante par le décès de son grand-père Eutrope, puis celui de sa mère Marie Augustine Verdure, et Francine décèdera à son tour à l’âge de 29 ans soit dix ans après son mariage.

Nous sommes le 1er octobre de l’année 1849 et Ferdinand est alors orphelin à l’âge de 17 ans.

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Naissance d’une grande famille

On retrouve Ferdinand le 22 août 1853 à Reims où il s’apprête à se marier ! Tonnelier à présent âgé de 21 ans, demeurant au 10 de la rue du Château du Port Mars à Reims, il prend pour épouse Marie Magdeleine Péhose, native des Ardennes et fille de Gabriel Marcel Péhose, maçon. Son frère lainier, François Elie Elphège Péhose, est témoin de leur mariage. Ferdinand emménage en la demeure familiale de son épouse située au 79 rue du Faubourg Cérès et le couple attend aussitôt un heureux évènement. 

Marie Magdeleine Péhose accouche de leur premier enfant le 17 mai 1854 à 1h de l’après-midi elle donne naissance à la maison d’un fils. Il reçoit les prénoms Eugène Emile et il est déclaré en la mairie de la commune dès le lendemain par Ferdinand accompagné de ses beaux-frères François Elie Elphège et Jean Nicolas Péhose.

Un second fils nommé Paul Nicolas naît le 27 juillet 1856 toujours en la présence de François Elphège Péhose. Ce dernier vit d’ailleurs à son tour un grand évènement puisqu’il se marie le 20 juillet 1857 avec une certaine Jeanne Françoise Anastasie Adam, cuisinière et fille de vigneron. L’occasion pour notre famille de laisser place à ce nouveau couple et de prendre un logement au numéro 31 de la même rue. 

La famille loge à présent au 6 rue de Cernay lorsque Marie Magdeleine donne naissance à un enfant le 22 septembre 1859. Cette fois il s’agit d’une fille ! Et comme en souvenir à sa défunte sœur, Ferdinand fait appeler l’enfant Francine Célestine. Sans en connaître la raison, la famille prend la route quelques jours plus tard jusqu’à Brimont où, comme si le malheur souhaitait rappeler son affaire, la petite y décède…

Marie Magdeleine retombe aussitôt enceinte et la famille est de nouveau sur Reims. Elle donne naissance à un fils le 3 décembre 1860 qui reçoit les prénoms Henri Charles. Sa naissance est déclarée le lendemain par Ferdinand et Jean Nicolas Péhose.

La famille retourne vivre dans la rue du Faubourg Cérès mais pour peu de temps cette fois. Marie Magdeleine est de nouveau enceinte et ils ne resteront ici que le temps de l’arrivée du bébé. Ce dernier naît le 19 mai 1863 et il s’agit encore d’un fils ! Il reçoit Arthur Désiré pour prénom et il est déclaré par son père accompagné comme toujours de ses beaux-frères. Puis la famille quitte la grande ville de Reims pour s’installer à Avize, une commune rurale de 1870 habitants située à 35km de là. L’avantage de la campagne tout en restant connectée aux grandes villes puisqu’une gare doit prochainement voir le jour à Avize.
C’est en cette ville que naissent leurs deux derniers enfants, Eugénie Marie, née le 31 octobre 1865, et Elphège né le 24 juillet 1867 et ainsi nommé en l’honneur de son oncle. 

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Nouvelle vie à Avize

Le couple et ses 6 enfants s’installent dans le quartier de l’Eglise à Avize. Mais le malheur les rattrape à nouveau car deux jours avant de fêter son 4ème anniversaire, le petit Elphège meurt en leur demeure.

La gare de Avize installée sur la ligne de Oiry – Mareuil à Romilly-sur-Seine est mise en service le 12 août 1870. Les recensements de la ville nous informe que la famille déménage à l’Impasse de l’ancienne mairie. Ferdinand exerce toujours la profession de maître tonnelier, avec ses fils Eugène et Arthur. Henri chef de caves et Paul est employé de bureau. Par ailleurs, on note que Paul est surnommé Paul Hubert/Humbert Nicolas et Arthur porte les prénoms Arthur Victor Désiré.

Leur fils ainé Eugène démarre son service militaire durant l’année de ses vingt ans. Engagé en conditionnel durant un an à la mairie de Châlons-sur-Marne, il entre au 9ème escadron du train des équipages militaire. Une fois en congé, il devient tonnelier comme son père et le 08 février 1879, il épouse Gabrielle Augustine Légé, âgée de 17 ans, fille de Pierre Joseph Légé, ancien valet de chambre devenu tonnelier, et de Adèle Bablot, ouvrière en robe. Les deux amoureux convolent à Nuits-Saint-Georges en Côte-d’Or où ils s’installent rue Porte Fermerot. Deux fils naîtront rapidement, Ferdinand Paul et Georges Léon Choubry.

C’est au tour de leurs deux fils, Henri et Arthur, d’effectuer le service militaire. On apprend que Henri, châtain aux yeux marrons, obtient la mention « bien » et que Arthur, châtain aux yeux gris bleu, s’en sort avec une mention « assez bien ». Quant à Paul, aucun document à ce jour indique que ce dernier ait effectué un service militaire. 

19 juillet 1886, Marie Catherine Vuargny, fille des Ardennes, décède en la maison familiale située au 20 rue de Cernay à Reims. Marcel Péhose son époux rejoindra prochainement la maison de sa fille Marie Magdeleine

Le recensement de l’année 1886 nous indique que Marie Magdeleine joue les chefs de famille avec ses quatre jeunes enfants.
Où est donc Ferdinand28 février 1888, deux hommes déclarent à la mairie de Pignicourt dans l’Aisne que leur voisin, Ferdinand François Choubry, domicilié en ladite ville et sans profession, est mort chez lui. Mais que faisait Ferdinand a plus de 55km du domicile familial ? 

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1888, les Choubry Frères

Marie Magdeleine Péhose, âgée de 54 ans devient rentière et le 02 septembre de cette même année, les publications de bancs de la mairie de Avize et de Sommepy informent que les frères Henri et Arthur Choubry, tous deux chefs de caves, vont prendre pour épouses les sœurs Adelina Ida et Victoire Aline Leclère !

Pour se faire, un contrat de mariage est établi entre les futurs époux par devant Maître Jules Romain Brouchot, notaire à Sommepy car, attention, les sœurs Leclère ne sont autres que les filles de Monsieur Jean Rémi Eugène Leclère, propriétaire, clerc de notaire, marchand de vins en gros et officier d’état civil devenu maire de Sommepy (1888 – 1892) ! Monsieur le Maire mariera d’ailleurs sa troisième fille à Edmond Nicolas Joseph Thiebault, qui deviendra à son tour maire de la ville entre 1910 et 1914 et durant l’année 1920.
Pour l’anecdote, Aline Leclère est née un 22 août, jour du mariage entre Ferdinand et Marie Magdeleine Péhose. 

Henri a pour témoin de mariage son frère Eugène venu de Nuits pour l’occasion et son oncle maternel Nicolas Péhose. Quant à Arthur il est accompagné de son oncle Elphège Péhose et de son frère Paul dont il est indiqué être sans profession.

La venue de Eugène n’est-elle pas aussi l’occasion de parler affaire ? Les frères précisent durant leur mariage que leur défunt père était chef de caves avant son décès. Son départ de la maison était-il simplement dû au fait qu’il partait pour affaire ? La société Choubry Frères étaient-elle en cours de création ?

1er décembre 1888 à Avize, les soussignés Paul Hubert Nicolas Choubry, comptable demeurant à Avize, Arthur Désiré Victor Choubry, chef de caves et voyageur de la maison, Eugène Emile Choubry, chef de caves, et Henri Charles Choubry, chef de caves, conviennent ensemble de la création d’une société nommée Choubry Frères, au capital de 10.500 Francs dont Paul et Arthur seront les membres actifs occupés la direction des affaires, et les deux autres frères seront les membres commanditaires en charge de la partie commerciale. Parmi les clauses, on apprend que seul Paul ne participe pas au capital de la société mais qu’il y contribuera moyennement son travail en tant que comptable. 

La société a pour but entre autre « Le commerce, le courtage et le placement de vins de Champagne, vins de Bourgogne, vins de Bordeaux, vins d’Algérie, vins étrangers, des Spiritueux tels que Cognac, Rhums et liqueurs de toutes espèces ». Leur mère Marie Madeleine a une part active dans le lancement de leur société puisque sa maison située au 5, avenue de la gare à Avize deviendra le siège de la société. A hauteur de 100 francs par an, leur mère louera à la société sa cave et le cellier pour le stockage du vin et l’atelier qui servira à la fabrication et enveloppe en paille pour 400 francs annuel. 

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Les Choubry Frères sur le front

La famille Choubry a toujours fait partie de groupes associatifs tels que, à titre d’exemple, la société d’assistance pour les aveugles pour Ferdinand Choubry. 

Selon un bulletin du 4ème trimestre 1890, le comité des Dames d’Avize compte parmi ses membres Marie Madeleine Péhose, veuve Choubry, et ses fils Arthur et Henri. Ce comité attachée aux Société de secours aux blessés militaires créé le 22 mai 1864 à Paris, et qui par la fusion avec l’Association des Dames Françaises en 1879 et l’Union des femmes de France en 1881, deviendra la Croix Rouge le 07 août 1940.

Mais l’histoire s’assombrie. Le 26 mai 1891 à 17h, Arthur et Henri se présentent en la mairie de Avize pour déclarer le décès de leur grand-père Marcel Péhose, âgé de 88 ans et demeurant en la maison familiale. Le décès de Marcel a t-il été un choc pour sa fille ? Ou a t-elle été infectée ? C’est douloureusement que sa fille Marie Magdeleine Péhose meurt le lendemain soir en la maison familiale … Arthur et Henri retournent à la mairie déclarer la terrible nouvelle. Elle n’était âgée que de 56 ans et une page se tourne à présent pour les Choubry Frères…

La maison familiale est à présent habitée par Paul et sa femme de ménage Amélie Padieu, ainsi que Henri, son épouse Aline, et leurs enfants Madeleine, Léonie et Eugène Paul. Eugène Emile de retour à Avize demeure au 1ter de la même rue avec sa femme Gabrielle, leurs enfants Ferdinand, Georges, Jeanne, Alice, et Lucie Trubert leur domestique. Quant à Arthur, il vit au 11b rue d’Oger avec son épouse Ida, leurs enfants François, Suzanne, Hélène, Andrée et Emeline Mathieu leur femme de ménage.

Arthur Choubry se rend pour affaire à Kensington Royal en Angleterre où il loge au 6 Falcon Square Eastleigh avec un certain Léon Anton. Il adhère pour deux années au loge numéro 1627 de la Grande Loge Unie d’Angleterre, plus grande obédience maçonnique au monde et en ce cas de Lane.

Le 09 septembre 1899 est un grand jour pour la famille puisque la petite dernière, Eugénie Marie Choubry, se marie ! Après avoir signé un contrat de mariage par devant Maître Audebert, notaire à Avize, au préalable de leur union, accompagnée de son frère Eugène Emile et de son oncle François Elie Péhose, rentier, Eugénie Marie épouse un certain Pierre Emile Alfred Villemain, tonnelier de quatre ans son aîné. De cette union naîtra au moins deux enfants, Emile Elphège et Marie Cesarine Villemain

Après deux exercices effectués au 106ème Régiment d’Infanterie (1888, 1890), Arthur est reformé le 09 juillet 1900 pour « photophobie et abondantes mouches volantes ». Henri accomplira pleinement ses deux exercices, l’un dans le 106ème de ligne et l’autre au 306ème régiment d’infanterie. Il est définitivement libéré du service militaire le 17 novembre 1905. En revanche, il faudra attendre la mise en ligne des archives pour en savoir plus concernant la carrière militaire de Eugène. 

Durant l’année 1907, via le comité d’Avize, la famille Choubry fait dons de 24 demi-bouteilles de champagne aux ambulances de Casablanca. Ces dernières recevront des autres partenaires de la régions des objets, du vins, des pâtes, de la viande, du bouillon, mais aussi du chocolat, des tricots et des cigares. Un total de 14 185 francs de dons soit 280 caisses expédié dès le 1er novembre de la dite année.

Edmond Nicolas Joseph Thiebault, époux de leur belle soeur Joséphine Lucie Leclère, devient maire de Sommepy (1910 – 1914) et 1920. 

Des enfants prodiges

Les trois enfants de Henri illuminent le conservatoire de musique. Eugène Paul, beau et grand blond aux yeux gris est violoniste tout comme sa sœur Léonie, alors que Madeleine, l’aîné de la fratrie excelle dans le piano.  La critique est toujours bonne et les prix s’accumulent. Prix Jules Garcin, prix Mounot, Prix Sarasate, prix Monot 1er violon rien que pour l’année 1913. Un fond photographie en ligne nous offre cette merveilleuse photographie d’un certain Monsieur Choubry, photographié à Reims le 22 septembre 1913 et il s’agirait bien certainement de Eugène avec son violon.

« M. Choubry, élève de M. Lefort, qui a un joli son, bien chantant et un phrasé délicat ». 1er prix, 30 juin 1912, Le Figaro

« Si la séance fut longue, ses résultats furent excellents. Les 38 élèves des classes supérieurs de violon, qui concouraient, ont une fois de plus prouvé que la renommée artistique de notre Conservatoire national n’est nullement surfaite […] Les morceaux de concours étaient le premier mouvement de la Sonate en sol mineur de Tartini et l‘intermezzo du Concerto russe d’Edouard Lalo. […] D’un ensemble extrêmement brillant, quelques concurrents se sont cependant détachés. […] et que l’exécution de M. Choubry est parfaite. » 08 juillet 1913, Le Petit Parisien 

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La Guerre éclate

19 septembre 1914. La cathédrale de Reims est en flamme. Les bombardements fusent depuis le matin et les hôpitaux sont gravement atteints. Les cadavres sont abandonnées. Des soldats aidés de médecins et d’infirmiers aident les blessés à se mettre à l’abri. Mais heureusement nombreux sont ceux qui se sont réfugiés dans les caves des maisons de Champagne. La famille Choubry est archipleine dit-on*. Certaines caves accueillent jusqu’à 2000 refugiés.

« Morts sur lesquels il faut pleurer pour le vide qu’ils laissent dans l’évolution artistique de ce pays, mais morts glorieux qui, parmi les combattants, ont eu une mort privilégiée, car ils se sacrifièrent à la patrie avec double fierté, celle du citoyen combattant pour ses foyers menacés, et celle de l’artiste trouvant dans la splendeur du Beau qui éclaire le fond de son âme la joie de mourir en souriant pour l’immortelle patrie de l’Art… » M. Laffere, L’homme Libre, 14 octobre 1918.

Eugène Paul guerre – arthur reformé, ferdinand paul, françois eugène chargé, Georges Léon,

1922, Arthur et sa famille demeurent au 114-116 rue Saint-Honoré, à Paris. Négociant en vins.

1925 Ferdinand !paul en Allemagne à Koeln

  • Recensement Reims 1841 + 1846 + 1851 + 1856 + 1861 + 1866 
  • Registre recrutement militaire Chalons, 1874 pas encore en ligne
  • Carte du combattant de Ferdinand Paul numéro 6711 délivrée Côte d’Or
  • Contrat de mariage, Me Jules Romain Brouchot, notaire à Sommepy, le 14 septembre 1888 

20 juillet 1899 Choubry Frères fait une publicité sur la première page du journal La Savoie Thermale.

  • Le Martyre de Reims, 1914, notes personnelles et vécues de deux Rémois avec documents officiels